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(Van Dongen) raconte ici la vie de Rembrandt et parle à ce propos de la Hollande, des femmes et de l'art

Van Dongen, Kees


Flammarion, Paris, 1927.


In-12, broché, 160 pp.
Le bandeau publicitaire reproduit ici ne figure pas sur l'exemplaire proposé à la vente.
Etat moyen.  Couverture insolé avec petit manque angulaire, fortes rousseurs.


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Lorsque paraît à Paris, en 1927, l'ouvrage de Van Dongen sur Rembrandt, l'artiste est devenu un portraitiste consacré par la mondanité, aux antipodes de ll'illustrateur anarchiste montmartrois d'antan, qui pourfendait la société bourgeoise et refusait d'exposer dans une galerie. Devenu un homme mûr, le constat d'une évolution aussi ambiguë n'est sans doute pas étranger au désir de remonter le temps par l'écrit afin de revisiter la Hollande de sa jeunesse, où il place les raisons profondes de sa vocation artistique. 

Ce livre d'un artiste sur un autre peintre masque mal, en effet, un autoportrait à peine déguisé où l'objectivité de l'historien n'a pas sa place. Dans un style saccadé qui évoque le naturel du langage parlé, Van Dongen raconte la vie de Rembrandt et parle, à ce propos, de la Hollande, des femmes et de l'art est une (auto)biographie imaginaire pleine de verve. Dès les premières pages, l'auteur rappelle à quel point ses origines néerlandaises furent bien plus qu'un simple accident sans conséquences. Van Dongen réinvente une Hollande ripailleuse et sans frontière, au calvinisme de surface, faites d'hommes rudes et forts dont la seule raison d'être serait la lutte contre les éléments et la quête de liberté : "la liberté est leur idéal, la lutte leur raison d'être", écrit-il. Pour Kees Van Dongen, né en 1877 à Delfshaven, un village en plein polder près de Rotterdam, cette conquête de liberté se manifestera d'abord par la rupture avec un milieu familial rigoriste, qui souhaitait faire de ce fils non un artiste mais "quelqu'un", autrement dit un homme respectable. 

Confronté à la nécessité d'imposer sa vocation à un entourage réfractaire, Rotterdam sera alors à Van Dongen, dont le père tenait une malterie, ce que Leyde avait été à Rembrandt, le fils d'un meunier : l'échappée salutaire vers le monde urbain, synonyme de conquête de soi, d'art, de plaisir et de liberté : "Il [Rembrandt] s'échappe et va à Leyde, une ville où il y a toutes sortes de choses inconnues à la campagne, où il y a beaucoup de mondes, du bruit, des saltimbanques, des gens qui trafiquent de tout, des boutiques où l'on voit des trésors accumulés."De fait, Van Dongen associera jusqu'à ses derniers jours les aspirations d'un devenir artistique aux plaisirs du jeune rapin, découverts dans les quartiers louches du port de Rotterdam. Rembrandt devient plus que jamais le double imaginaire de Rembrandt dans les dernières pages, qui évoquent la fin christique de Rembrandt, livré aux créanciers, poursuivi par la meute. "Il est seul, absolument seul, hors la loi, paria. [...] il saigne de toutes les blessures que la sottise humaine lui a faite [...] Son calvaire et sa mort sont plus douloureux que la vie et la mort du Christ. Rembrandt s'efface doucement dans le néant, dans l'inconnu, il disparaît sans que personne ne s'en aperçoive." 

Van Dongen avait fait d'un de ses premiers tableaux, La Chimère-pie (1895), son oeuvre emblématique. Ce cheval ailé, lointain descendant de Pégase, lui tint lieu d'ange-gardien tout au long de son existence, tant il symbolisait son désir précoce d'accomplissement artistique. Ce grand étalon ailé caracole dans les airs afin de ravir le soleil, donc l'inspiration, et "ce qu'il y a de plus beau dans la vie." Cette créature hybride résume aux yeux de Van Dongen l'image à la fois sublime et monstrueuse du génie, dont Rembrandt serait l'autre personnification : l'être à part, le héros solitaire qu'on ne peut suivre et qui fuit sans cesse l'étroitesse du tout ce qui l'entoure. Rembrandt et La Chimère-pie finissent par se confondre dans ce désir nostalgique du Van Dongen cinquantenaire de renouer avec le paradis perdu de sa jeunesse ardente.



 



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