Né à Liège en 1809, Frédéric Villot est d'abord resté dans les mémoires pour avoir été l'ami de Delacroix, qu'il a en particulier initié à la technique de l'eau-forte. Son rôle ne s'arrête pourtant pas à cette amitié, dont le journal du peintre témoigne encore. Villot fut également un grand conservateur. Après la révolution de 1848, Ledru-Rollin nomme le peintre boulonnais Auguste Jeanron (1808-1877) à la tête des musées. En moins de deux ans, au Louvre, l'artiste aura réussi à "insuffler un dynamisme nouveau à l'institution [...] Il s'entoure de collaborateurs conservateurs compétents, Frédéric Villot pour les peintures, Longpérier pour les sculptures [...], auxquels il délègue de vraies responsabilités, notamment dans l'accrochage des oeuvres, leur achat, la surveillance des restaurations etc..." (Marie Martine Dubreuil, Philippe-Auguste Jeanron, Peintre, dessinateur et graveur, musée des beaux-arts de Calais, 2004, p. 27) L'accrochage est repensé en profondeur : les oeuvres répondent désormais à un classement par école et par ordre chronologique. Plus encore, cette nouvelle équipe se lance dans la rédaction d'inventaires complets des collections. Ce travail va permettre "la publication de catalogues fiables et érudits", qui vont contribuer à définir -et bientôt à imposer- les nouveaux critères de la modernité muséale. Chaque tableau est accompagné d'une notice ainsi que d'une bibliographie de toutes les notices publiées depuis 1793. De plus, le catalogue est accompagné d'une table chronologique et d'une table alphabétique de tous les artistes cités. Si Villot vante le travail catalographique de ses collègues anversois et flamands, il s'étonne comme ces derniers du retard pris par l'érudition aux Pays-Bas et espère un sursaut national pour en finir avec "ces insignifiants catalogues des superbes galeries de La Haye et d'Amsterdam. Les Hollandais laisseront-ils toujours à des étrangers le soin de glorifier les noms de Rembrant, de Paul Potter, de Cuyp, d'Ostade, de Ruïsdael [...]? Son exhortation semble avoir fini par porter ses fruits puisqu'on trouve, au début des années 1870, un éloge de ce même Villot dans le catalogue des tableaux du... musée d'Amsterdam, le futur Rijksmuseum : "Quant à la forme à donner à cet ouvrage, j'avais un excellent modèle dans la Notice des tableaux du Musée impérial du Louvre, par M. Frédérik (sic) Villot, qui a introduit une grande amélioration dans l'ordonnance des nouveaux catalogues ; l'arrangement qu'il a adopté offre beaucoup d'avantages [...]" (P.L. Dubourcq) Au Louvre, Villot dut plus tard faire face à une campagne de presse mettant en cause la restauration des Noces de Cana de Véronèse ("Le grand Véronèse que ce malheureux Villot a tué", écrivit Delacroix). En 1861, ne nouvelle polémique à propos de l'allègement des vernis des Rubens du Luxembourg eut cette fois raison de son poste de conservateur. Sa nomination au secrétariat général du Louvre le reléguait désormais à des tâches administratives. Villot meurt en 1875.