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Introduction - Première Partie : Du Petit Séminaire d'Hazebrouck au Palais-Bourbon I. Les années de jeunesse : formation cléricale et légitimisme (1853-1883) II. Vers la démocratie chrétienne (1884-1893) III. Un pays rural, une chrétienté. L'élection de 1893 - Deuxième Partie : Démocrate Chrétien I. Symbole de la "démocratie chrétienne" II. La philosophie politique et sociale III. Les adversaires IV. Les débuts au Parlement - Troisième Partie : Catholique Républicain I. Orientations nouvelles II. Face à la politique anticléricale : de Waldeck à Combes III. La crise de la séparation IV. "Le progrès social dans la République" - Quatrième Partie : Rebelle ou "Martyr de la Liberté"? I. Les données du conflit. L'élection de 1910 II. Mgr Delamaire entre l'abbé Lemire et les "intransigeants" III. Mgr Charost évêque de Lille. La suspense IV. Dimensions d'une crise. L'élection de 1914 - Cinquième Partie : L'Apaisement I. Face à la guerre. La levée de la suspense. Les élections de 1919 II. La recherche de la paix religieuse et de la paix sociale III. Vers "l'Union nationale" - Conclusion - Bibliographie - Table des cartes - Index.
Mayeur, Jean-Marie
Ed. Casterman,collection Religion et sociétés, Tournai, 1968.
Grand in-12, broché, sous couverture souple illustrée en couleurs, 697 pp.
Rare exemplaire partiellement coupé.
Bon état. Une mouillure claire sur la partie inférieure du dos qui déborde légèrement sur les plats, couverture légèrement salie, une page mal découpée.
Livre non disponible
Le lecteur de Quoi? L'Eternité, le IIIe tome du Labyrinthe du Monde de Marguerite Yourcenar, se souvient peut-être de l'apparition furtive d'un abbé appellé par Michel de Crayencour, le père de l'écrivaine, afin de l'aider à se sortir d'une "sale affaire" aux conséquences financières apparemment inextricables. Cet ecclésiastique, qui laissa à Marguerite Yourcenar "l'impression d'une intégrité sans faille", n'était autre que L'abbé Lemire (1853-1928), qui fut de son vivant l'une des personnalités les plus populaires et les plus contestées du catholicisme français. Ses adversaires virent en lui l'"aumônier du Bloc", un révolté, un démagogue. Ses admirateurs exaltèrent au contraire le prêtre proche du peuple, image même d'une conception nouvelle du sacerdoce. Paru en 1968, l'ouvrage de Jean-Marie Mayeur fut la première étude approfondie sur le maire d'Hazebrouck et le fondateur de la Ligue du Coin de terre et du Foyer qui, pendant trente-cinq ans, de 1893 à 1928, représenta la Flandre rurale au Parlement français. Dans cette thèse de doctorat ès lettres présentée à la Sorbonne, l'auteur a tenu à ne pas séparer l'homme de son temps et de son milieu. Dans le miroir de la biographie se reflètent les aspirations et les problèmes d'une époque qui demeure capitale pour la compréhension du catholicisme français. C'est l'heure de la démocratie chrétienne et du "ralliement", des "catholiques républicains", de la séparation des Eglises et de l'Etat. Cet essai apporta une contribution à l'histoire des luttes politiques, sociales et religieuses sous la Troisième République, en même temps qu'il éclaire la psychologie d'un homme. L'abbé Lemire est dominé par la préoccupation apostolique et la volonté de réforme du clergé. Député, il estima qu'il n'était pas le représentant de l'Eglise, mais le détenteur d'un mandat politique. Dans cette situation lucidement acceptée, il entendit exercer une véritable mission. Le prêtre député d'Hazebrouck vécut le drame du sacerdoce engagé dans la politique. Le dur conflit qui l'opposa à son évêque le situe dans une tradition qui affirme l'autonomie de la personne face à l'absolutisme de l'autorité. "L'abbé Lemire, écrit M. Yourcenar, est né à Vieux-Berquin, flamand d'aspect, français d'expression commet tous les habitants de ce patelin du Nord (il n'apprit le flamand que fort tard, à l'époque des luttes électorales.) Ni sa piété austère, qui négligeait volontiers les dévotions fleuries, ni ses conflits avec le Vatican qui n'était déjà plus celui de Léon XIII, et laissait les bigots de la région s'acharner sur cette espèce de saint, ni les clichés politiques et parlementaires avec lesquels il a évité le plus possible de jongler toute sa vie, n'ont altéré sa lucidité d'homme du XVIIe siècle (...) Oecuménique avant la lettre, fraternisant d'instinct avec les aumôniers protestants des corps expéditionnaires anglais et américains dans le Nord, ce fils de paysan trace son sillon avec la lenteur obstinée de ceux qui ont labouré la terre. Ses "jardins ouvriers", détestés du patronat, n'ont pas pour seul but d'offrir au salarié des villes un peu plus d'air pur, une aide alimentaire contre la cherté de la vie, mais une sorte de réhabilitation par le contact avec le sol." (Marguerite Yourcenar, Quoi? L'Eternité, éd. Gallimard)