Première monographie de Mondrian en langue française, cet ouvrage avait été édité une première fois en 1956. Deux ans après la rétrospective Mondrian présentée en 1969 à l'Orangerie, dont Michel Seuphor avait été l'un des organisateurs avec André Berne-Joffroy, l'ouvrage fut republié dans cette édition corrigée et augmentée.
Michel Seuphor avait rencontré Piet Mondrian à Paris en 1923 et cette rencontre fut déterminante pour le poète, artiste et critique venu d'Anvers, où il animait la revue De Overzicht. En 1946, Seuphor avait déjà préfacé à la demande de Willem Sandberg le catalogue de l'exposition consacrée à Mondrian -la première d'une telle ampleur- par le Stedelijk Museum d'Amsterdam. En 1950, le collectionneur américain John Senior Junior, passionné par l'oeuvre de Mondrian, prit la décision de financer la publication de la première biographie de l'artiste. Réuni à sa demande afin de trouver l'auteur capable d'écrire la somme inaugurale sur le fondateur du néo-plasticisme, un comité composé entre autres des galeristes Sidney Janis et Louis Carré proposa à l'unanimité le nom de Seuphor. Ce dernier devait alors entreprendre différents voyages d'étude qui le menèrent aux Etats-Unis, en 1951, aux Pays-Bas, à trois reprises, en Angleterre, où avait vécu Mondrian de 1938 à 1940, et à Venise, afin de voir la collection de Peggy Guggenheim. Si cette biographie avait nécessité de longs travaux préparatoires, l'écrire demanda seulement quelques semaines à Seuphor : "J'ai fait un petit schéma de mon livre, et je crois que j'ai mis de trois semaines à un mois pour le rédiger." (Michel Seuphor, un siècle de libertés, Entretiens avec Alexandre Grenier, éd. Hazan, p.304.)
L'ouvrage devait être édité par le MoMA, mais un désaccord entre l'auteur et Alfred Barr et James Johnson Sweeney en empêcha la publication. Le livre fut finalement publié par l'éditeur allemand DuMont et constitua la première de ces monumentales monographies d'artistes qui firent la réputation de l'éditeur. Ces dernières paraissaient ensuite chez l'éditeur français Flammarion.
"Si je n'avais pas eu conscience de cette responsabilité", déclara M. Seuphor, "je ne serais pas allé en Amérique, en Hollande, en Angleterre et à Venise. J'avais pleinement conscience de cette responsabilité, de cette importance. Je crois que la simplicité de l'ouvrage tient à cela aussi, une chose qui est définitive doit être simple et facile d'accès. Cela doit aller de soi, comme coule une rivière."