Si l'on en croit Frits Lugt, le peintre Paul Mathey (1844-1929) aurait pu devenir, s'il l'avait voulu, "l'expert le plus étonnant du marché parisien. Mais il ne voulut jamais exercer ce métier officiellement. Suivant sa propre expression, il le faisait en franc-tireur. Il lui suffisait de faire profiter de ses connaissances ses amis, et parmi eux, en premier lieu, ses collègues, Léon Bonnat, Emile Wauters et François Flameng. C'est en 1880 que se manifesta sa vocation pour la chasse aux dessins anciens et aussi, particulièrement, pour celle aux eaux-fortes de Rembrandt." (Frits Lugt, Les marques de collections de dessins et d'estampes, 1956) Les grands marchands et les grandes ventes aux quatre coins de l'Europe n'avaient plus de secrets pour ce collectionneur passionné et compulsif, dont les cartons ne cessaient de se remplir et de s'affiner. Aux côtés de Bredius, Hofstede de Groot et Moreau-Nélaton, Mathey fit partie du comité de patronage de l'exposition de dessins et de gravures de Rembrandt, qui s'était tenue à la Bibliothèque nationale en 1908. Vers 1924, Paul Mathey fut obligé de quitter l'appartement-atelier qu'il avait toujours occupé rue de Rome. Ce traumatisme l'amena à se défaire de sa fameuse collection d'eaux-fortes de Rembrandt."C'est alors, rappelle Frits Lugt, que fut apposé uniquement sur ses estampes la marque" (ibid.) composée de ses deux initiales au sein d'une palette de peintre. Deux ventes furent organisées la même année, la première étant consacrée uniquement à Rembrandt comme en témoigne ce catalogue, précieux document pour l'histoire des collections. Son ami Loys Delteil (1869-1927), grand spécialiste de l'estampe, fut designé expert pour la vente.