Le catalogue du second volet de la vente d'estampes et de dessins appartenant au peintre Paul Mathey (1844-1929) permet de faire le lien avec la carrière picturale de l'artiste et son goût pour l'art de son temps. Formé dans l'atelier de Léon Cogniet, Mathey entra ensuite dans l'atelier de Pils avant de participer en tant que garde nationale au siège de Paris. Durant les années soixante-dix, il participa à différentes entreprises décoratives, du casino d'Ostende aux panoramas de Detaille et Neuville. L'art ancien, que le peintre collectionnait avec acharnement, n'exerça curieusement que peu d'influence sur son oeuvre pictural ; tout au plus peut-on rapprocher de Rembrandt -sur le plan thématique - ses Pélerins d'Emmaüs (1880), sujet qui revint en vogue dans l'art de la fin du XIXe siècle. De sa conversion au portrait date le pan le plus subtil de son oeuvre : les effigies des peintres Ernest Duez, Georges Clairin, Félicien Rops, Edgar Degas mais également de son grand ami Camille Saint-Saëns, du collectionneur Eugène Rodrigues et de l'expert en estampes Loys Delteil (qui fut chargé de la vente de 1924) témoignent d'une fraîcheur inattendue dans la pose qui révèle l'intimisme subtil de cet artiste-collectionneur.
Parmi les graveurs contemporains que collectionnait Paul Mathey, on retrouve notamment Bracquemont, Desboutin, Tissot, Whistler et surtout Charles Meryon.